La note est courte, il n’y a pas beaucoup de mots pour parler de la mort. Saïd, le chauffeur afghan enlevé avec Daniele Mastrogiacomo, le journaliste italien, a été tué. Il avait 26 ans, était drôle, doux, un peu timide. Très grand, avec le cheveu noir et le rire léger. Pour tous les journalistes avec qui il a travaillé, Saïd était un jeune homme de valeur et de confiance.
Il a été accusé d’espionnage par le groupe du mollah Dadullah et décapité vivant. Nous n’avons toujours pas de nouvelle d’Ajmal, le traducteur, alors que l’Italien a été libéré.
Même si Saïd et Ajmal ont fait le choix de travailler avec des journalistes étrangers (donc, de gagner beaucoup d’argent), on peut et on doit se poser la question des responsabilités. Notre travail n’est pas d’intervenir, je pense, mais de témoigner. C’est ce qui le rend beau et parfois très difficile quand la violence est là, face à nous et nous heurte.
Mais que faire quand notre présence influence les évènements? Que devons-nous penser quand un homme meurt parce qu’il travaillait avec un journaliste étranger? Qui porte les responsabilités?
La profession évolue… Par son identité, le journaliste passe du statut de spectateur à celui d’intervenant involontaire. Il « vaut » la richesse occidentale: une vie afghane -peut-être même deux- et la libération de 5 combattants taliban.
Merci pour ce beau témoignage sur Saïd. La nouvelle de sa mort est passée comme une lettre à la poste sur les médias français, presque un soulagement puisque le journaliste italien était libéré. Vu d’Occident, les vies « autochtones » ne comptent pas.
Ce n’est ni le premier, ni le dernier exemple de fixeur qui payera pour avoir aidé les médias étrangers à travailler. Grâce à eux, nous les journalistes pouvons travailler, et « eux », ce sont les héros dont on ne parle pas, qui prennent les véritables risques.
J’ai souvent entendu dire : » Vous, vous partez, nous nous restons! » Ô combien ils ont raison. « Eux », ils sont dans leur propre pays, sans perspective de pouvoir le quitter pour aller se mettre à l’abri le cas échéant.
tu as raison. J’ai aussi beaucoup entendu : « … Vous vous partez. Nous, nous restons… » Ce sont les fixeurs qui font le vrai travail des journalistes dans les zones difficiles.
Mais je ne sais pas si le terme « héros » est vraiment approprié. Saïd savait -encore mieux que nous- les dangers qu’il courait parce qu’il était chez lui. Il savait qu’en partant avec nous, il risquait sa vie.
Je trouve extrêmement complexe de savoir où se situe le niveau de responsabilité / culpabilité. Si nous n’avions pas été là, il ne serait pas mort.
Claire
Je suis d’accord avec toi !le mot « heros’ n’est pas approprié pour Saîd. Notamment que n’est pas ce que trouve au théatre de la guerre des cavernes en afghnistan!Par l’autre côte, je vois la situation des gens voulant quitter leur propre pays! triste non! Pour nous à L’amerique latine que jamais nous avons passé par cela,j’imagine le désespoir…!
Oui j’ai lu aujourd’hui dans la presse française le témoignage du journaliste italien qui a assisté à l’horrible assassinat de son chauffeur afghan.
Pour la responsabilité, certainement celle du journaliste n’est pas à négliger mais il faut quand-même noter que lui aussi a pris un véritable risque. Evidemment, personne n’a rien proposé pour l’échange de son chauffeur…
Ok! Claire
Next times…vielleicht,Ich wird schreibe in the deutch sprache!