Retour à Kaboul pour les 5 ans de la chute des Taliban… Sans vouloir noircir un ciel déjà bien gris, la situation est toujours très difficile. Et les organisations internationales commencent enfin à le reconnaître.
Il y a toujours autant d’embouteillage dans les rues. Ca reconstruit : effectivement dans la ville, la route de l’aéroport est nouvelle, on voit des bâtiments neufs un peu partout, très clinquants. Mais le quotidien de la majorité des habitants est très dur : pas ou peu d’eau, pas d’électricité. Une hausse des prix énorme pour l’Afghan moyen… Et des salaires misérables. Un enseignant gagne 30 dollars par mois.
Nous rencontrons des Afghans rentrés du Pakistan 2 ans plus tôt. D’anciens réfugiés gonflés d’espoir. Ils vivent dans les ruines d’un hôpital détruit. Pas de toit, de fenêtre, pas d’eau, rien. Un squatt où sont installées une 50 aine de familles. Les loyers sont trop élevés pour qu’ils partent. Une mère de famille nous confie qu’elle a vendu une de ses filles pour 800 euros (elle l’a « mariée » à 8 ans) parce que le reste de la famille mourrait de faim. Et ce, après l’intervention américaine.
Un matin nous partons en patrouille avec des soldats français assurant la sécurité autour de Kaboul. Des check-points au petit jour. Face caméra, le chef de police du district -afghan- est positif, il sourit: sa zone est sécurisée et la vie est meilleure qu’il y a 5 ans. Les blindés partent enfin et il nous invite à prendre le thé et un petit-déj’ (kebab, 7h du matin, dur dur pour l’estomac).
Il fait alors une analyse du pays toute autre: la corruption ronge le pays. Les premiers ? Ils font partie du gouvernement. Beaucoup reçoivent des sommes énormes qu’ils utilisent à leur gré. Mais pour la population, la corruption est indispensable à leur survie. Ils n’ont plus rien, la vie est toujours très dure alors chacun a appris à se débrouiller. Salaire moyen d’un policier sans formation: 17 dollars.
Une partie de la ville est rénovée, le quartiers des ambassades et autres enclaves est éclairé et protégé 24/7. Mais les quartiers pauvres, avec des maisons en terre et des allées pleines de boue, existent toujours. Les enfants pieds nus dans les rues à l’arrivée de l’hiver. On sent que la ville est sur le point de craquer sous le nombre des habitants, les écarts sociaux, les profiteurs, les étrangers… Et la violence.
Depuis quelques mois, Kaboul est touchée par les attentat suicides.