Embed avec l’armée afghane

8h00 du matin, à l’ouverture des bureaux du ministère de la Défense afghan, dans l’espoir d’obtenir une autorisation d’embed avec l’armée afghane, dans la vallée de la Kunar.

Deux heures d’attente, à boire le thé dans une pièce minuscule occupée par 7 fonctionnaires inoccupés. Il a fallu d’abord présenter ma carte de presse française : j’obtiens un premier refus poli. Je présente ma carte de presse du ministère afghan de l’Information: le fonctionnaire la regarde pendant 10 longues minutes, et me dit que cela va être difficile. Ensuite je présente ma carte d’accréditation de l’Isaf et il me répond que cela va être compliqué… Enfin, je leur montre une lettre nécessaire à l’obtention de mon visa journaliste et j’obtiens enfin la phrase souhaitée, avec malgré tout un regard dubitatif : « peut-être que vous pouvez avoir cette autorisation » d’embed. Une nouvelle heure d’attente pour taper sur ordinateur et imprimer la lettre. Il faut ensuite déplacer l’énorme photocopieuse d’un coin à l’autre de la petite salle glacée pour qu’un responsable signe une photocopie. Deux heures de thé, de silence, de regards gênés et l’autorisation d’embed est donnée. Départ en taxi dans la minute… Ce sera finalement plus facile qu’avec les Américains ou l’Isaf.

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Passer plusieurs jours (et nuit) avec des soldats afghans, pour la plupart très jeunes ou anciens mudjahiddin, est une expérience. Ils sont très polis et galants (parce que je suis une femme) -souvent dragueurs. J’ai le droit à un traitement de faveur avec la chambre et salle d’eau (sans eau) du commandant en chef. Seul le commandant parle anglais, il a fait une école militaire aux Etats-Unis.

Ils sont mal armés, n’ont pas de véhicules blindé ni d’hélicoptère. Ils voient les Taliban passer la frontière venant du Pakistan, à 10 km de là, pour les attaquer. Le soir de notre arrivée, tir d’artillerie bruyant vers la montagne: ils ont vu des lumières qui pourraient être celle de roquettes allumées par les insurgés… Finalement le calme revient.

Un de leur poste avancé est situé dans la Kurangal valley, en plein coeur de la zone contrôlée par les Taliban: ils doivent assurer la relève des troupes coincées là-haut, juste quand nous arrivons. Un périple dangereux, qu’ils ne font normalement jamais pas la route à cause des risques d’embuscade; mais ce jour-ci, aucun hélicoptère américain n’est disponible. J’ai un peu insisté, été surtout furieusement découragée, mais ils acceptent de me prendre avec eux dans le fameux convoi.

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Heureusement, pas d’embuscade ce jour-là, mais beaucoup de stress et de tension. Départ précipité, ils oublient même les gilets pare-balles… J’ai du insister pendant 2 heures, sur la route, face au rire gêné du capitaine, pour qu’il en trouve deux (pour moi et Khaled, le traducteur afghan qui travaille avec moi). Les soldats sont très inquiets, tendus, parce qu’ils sont à découvert tout le long de la route, sur un chemin de terre boueux, difficilement praticable, en pleine montagne. Une cible idéale. Après 3 heures de route, on arrive dans le camp : la relève est accueillie avec soulagement… La veille, les soldats a été attaqués: kalachnikovs et roquettes.

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Retour sans encombre à la base… Sous les applaudissements des officiers. Les Taliban n’ont visiblement pas osé attaquer l’énorme convoi protégés par 4 blindés américains, avec des occupants tout aussi nerveux. Mais ils ont quand même placé deux bombes sur la route du retour: elles ont explosé -par erreur- quelques minutes avant le passage des voitures de tête, dont la notre.

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