La campagne d’éradication du pavot a commencé dans le Sud du pays, notamment dans le Helmand, là où les combats Taliban v. armée afghane et Otan sont quotidiens.
Ils suffit de sortir de Lashkar Gah, la capitale du Helmand, (cachée sous une burqa: les Taliban sont chez eux, ici), pour voir les champs verdoyants de jeunes pousses de pavot. C’et là, protégés par des centaines de policiers, que les tracteurs entrent en action, arrachant les plants de pavot. Sous le regard souvent dépité des fermiers qui perdent toutes leurs cultures, pour lesquelles ils ont investi beaucoup d’argent.
Mais, quand on reste un peu plus longtemps, on constate aussi que la majorité des champs n’est pas détruite… Et quand j’éteins la caméra, les explications suivent: un hectare de pavot rapporte environ 4500 euros. Le fermier en donne 1/5 et ses champs ne sont pas « éradiqués ». Les plus riches sont tranquilles.Tout le monde profite de la culture du pavot dans le Helmand… Et le simulacre d’éradication satisfait la communauté internationale.
Ici comme à Panjwaï (dans la province de Kandahar), il semble que ce soit les fermiers les plus pauvres qui trinquent, comme ce vieil homme dont le champ est en cours de destruction. Son fils dit : »si nous avions de quoi nous acheter des armes, bien sûr que nous tirerions sur les policiers. »
Le danger pour le gouvernement afghan est évident: si la campagne d’éradication continue avec autant de corruption, les fermiers les plus pauvres vont se tourner vers les Taliban. Et eux, auront des armes à leur donner.
Le fils d’un fermier de Panjwaï pose devant le champ de son père, détruit quelques minutes plus tôt. L’homme, endetté, déclare devant son fils que « 9 fermiers sur 10 dans sa situation, vont soutenir les Taliban contre le gouvernement. »