(In)efficacité de l’aide à la reconstruction et au développement

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Celui qui a eu le argent a fait la route comme ça, de très mauvaise qualité. Vous le voyez de vos yeux, la route est toute abîmée, dit un vieil Afghan à la barbe blanche en pointant du doigt l’asphalte détruit de la route qui passe devant sa maison, dans la province de Kapisa, à deux heures de la capitale afghane. La route principale qui conduit du centre aux districts éloignés est en construction depuis un an, pourtant, plus aucun ouvrier n’y travaille.

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Regardez, montre Mohamed Jabar, le chef des programmes pour le Ministère du développement de la province de Kapisa. Ils ont construit ce pont mais il a une très faible résistance et il s’écroule quand les voitures roulent dessus. La construction a été faite à la vas vite, avec du matériel de mauvaise qualité. Le ministère afghan du développement a donc suspendu l’entreprise chargée de faire la route et a lancé un nouvel appel d’offre. Un projet de 3 millions de dollars financé par les Etats-Unis, pour quelque 40 kilomètres de chaussée. Un exemple parmi d’autres qui pose la question de l’efficacité de l’aide en Afghanistan.

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Pour avoir et garder la confiance des Afghans, il faut vraiment livrer ce dont ils ont besoin partout dans le pays, explique Chris Alexander, le numéro deux de la MANUA, la Mission d’Assistance des Nations Unies en Afghanistan. Et il faut vraiment être très franc en décidant quel organisme, quel programme a été efficace, a livré la marchandise et lesquels l’ont été dans une moindre mesure. Une question qui a dû être au cœur des discussions à la conférence de Paris. L’argent de l’aide est utilisé en Afghanistan par des organisations internationales, des ONG mais pas seulement. Aussi des entreprises privées qui travaillent dans le développement. Un système de financement complexe et souvent opaque. L’année dernière, 1.3 milliards de dollars a été donné par la communauté internationale, mais cette aide ne va pas directement à la population afghane, comme l’explique en quelques chiffre Lorenzo Delesgues, le directeur de l’ONG Integrity Watch Afghanistan. On se retrouve sur 100 euros à avoir 20 Euros de sécurité, 15 Euros de salaires, plus 10 à 15 Euros liés au nombre de sous contractants. Donc nous pouvons nous retrouver avec une différence de déjà la moitié de l’aide qui est partie avant même que le projet soit mis en place. Un coût, dont les organisations internationales sont conscientes, puisque l’objectif de la conférence de Paris et aussi de renforcer le rôle du gouvernement afghan. Et la population en a toujours besoin : l’Afghanistan est toujours classé 5ème pays le plus pauvre au monde par les Nations Unies.

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2 comments

  1. Bonsoir Claire Billet,

    Merci pour votre reportage.
    Beaucoup de sentiments, de réflexions, d’états d’âmes qui me traversent l’esprit et les sens à la lecture de votre article, au visionnage de la vidéo du reportage diffusé sur france 24.

    De vos reportages ressortent la même nature d’impressions qui émanent de ceux d’Anne Nivat, votre consoeur.
    Je parle bien de même nature et non d’impressions semblables : car je vous considère comme très différentes, très riches et très complémentaires.

    Ca donne énormément à réfléchir.

    J’ai appris, me semble-t’il, que vous avez été violemment attaquée sur le contenu et le fond de votre démarche journalistique.

    Ce simple petit commentaire de la part d’un citoyen qui tente de vous montrer tout son soutien.
    Et pour vous dire aussi combien vous m’avez donné à réfléchir.
    Car vous amenez un point de vue différtent,
    un autre focus,
    une autre approche, une autre vision du monde,

    J’ose croire que c’est ça, la voie du journalisme.

    Continuez sur votre voie,
    Autant que vous le désirez,
    Autant que vous le pourrez,

    Klérian.

  2. Klérian,
    merci de ce message d’encouragement, il me touche beaucoup. Surtout ces derniers temps, qui ont vu le travail déjà difficile des journalistes en Afghanistan très largement insulté, plutôt qu’intelligemment critiqué.

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