La conférence de Paris sur l’Afghanistan a été l’occasion de faire le bilan de l’aide de la communauté internationale dans le pays. L’éducation est présentée comme une réussite mais beaucoup reste à faire : la moitié des enfants qui en ont l’âge reçoivent une éducation dont la qualité est très discutable et l’autre moitié ne va même pas à l’école primaire.
Le surveillant à la longue barbe blanche et au regard sévère arpente l’unique couloir de l’école, une chambre à air de vélo à la main en guise de martinet pour les élèves turbulents. Pourtant le brouhaha règne dans le bâtiment de plain-pied, poussiéreux et sans électricité. L’école d’Araban-e-Qarqa, en banlieue de Kaboul, accueille plus de 2600 élèves et les salles sont surchargées.
Nous avons en moyenne 60 élèves par classe et c’est beaucoup trop, remarque Modjibullah Rarhmani, le professeur d’anglais. Pourtant le bâtiment est tout nouveau : l’année dernière nous faisions encore cours sous des tentes. Il porte la barbe bien taillée, l’habit traditionnel afghan et quand il parle, ses jeunes élèves l’écoutent avec des regards fascinés. À 30 ans, Modjibullah est passionné par son métier. Nous sommes fiers de soutenir notre pays et nous travaillons dur pour notre pays, pour développer son système éducatif. Après trente ans de guerre, il en a bien besoin, ajoute-t-il avec détermination. Mais je suis payé 48 Euros par mois et ce seul salaire ne suffirait pas à payer les dépenses de base de ma famille. À cause de la forte hausse des prix, les trois quarts de sa paie partent dans le pain quotidien et il a dû trouver un deuxième emploi.
La communauté internationale présente l’éducation comme un succès en Afghanistan, avec 5,4 millions d’enfants scolarisés en 2007, 3500 écoles construites et quelque 14000 enseignants recrutés. Mais il semble qu’on choisissent de faire des chiffres et de privilégier la quantité à la qualité : les étrangers ont amené beaucoup d’argent mais nous n’avons pas vu de profonds changements, reproche Rayona Nuri, la directrice de l’école primaire et secondaire Saydal Nasiri. Notre système éducatif est très ancien n’a pas été réformé. L’argent n’a pas été dépensé pour imprimer des livres, ou augmenter nos salaires. Nous avons donc beaucoup de mal à recruter des enseignants professionnels.
La directrice est pourtant à la tête d’une école flambant neuf, construite dans Kaboul, la capitale afghane. Elle fait le tour des salles de classe occupées par des élèves sérieuses en uniformes noirs et foulards blancs. Elle enseigne depuis plus de 30 ans et remarque que, malgré les difficultés, enseigner à Kaboul est bien plus facile que dans le reste du pays. Dans le Sud et dans l’Est, les écoles récemment construites restent vides. Seuls 3 enfants sur 10 vont à l’école, à cause de la pauvreté, de la hausse de la criminalité et de la violence des combats.