Négocier avec les insurgés

Ils doivent parler avec les Taliban. Ce sont les fils de notre pays. Il faut absolument que le gouvernement leur parle pour qu’on ait la paix.

Habitant de Tchar Asiab, un petit village à l’entrée de la province de Kaboul.

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On parle de plus en plus aujourd’hui, en Afghanistan, de négocier avec les Talibans. A la façon afghane, on se rencontre, on s’assoit autour d’une tasse de thé, on écoute les griefs des uns et des autres et on discute. Une approche envisagée aussi par l’administration américaine dans sa nouvelle stratégie pour l’Afghanistan. Les négociations font partie de la solution politique. Mais comment discuter et surtout avec qui ? Qui sont les Talibans aujourd’hui ?

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Littéralement, Taleb veut dire étudiant, d’université et d’école religieuse. Mais le mot Taliban a pris un sens politique et désigne aujourd’hui l’ensemble des groupes armés d’opposition au gouvernement, qui disent vouloir libérer l’Afghanistan de l’occupation, s’affranchir des occupants. Je ne crois pas que le mot Taliban aujourd’hui soit utilisé dans son sens littéral, mais seulement politique.

Wakil Al Motawakil, Ministre des Affaires étrangères sous le régime Taliban.

La question d’imposer une pratique intégriste de l’Islam paraît secondaire aujourd’hui pour les Taliban. Certains analystes parlent même de « nouveaux Taliban ». Les combattants ne sont plus seulement des chefs religieux ou des élèves de Madrasas. Que ce soit sous la bannière des Talibans ou du Hezb-e-Islami -une faction qui combat à leurs côtés- on rencontre des anciens Mudjhaddin, des anciens Taliban, des Nationalistes et… Un nombre croissant de civils. Ils ont rejoints ces trois dernières années les rangs de l’opposition armée contre les autorités afghanes et les forces étrangères.

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Comme le gouvernement est très faible, corrompu, qu’il n’a pas travaillé pour la majorité des gens, n’a pas réglé le problème du chômage dans les zones où il y a des combats aujourd’hui, il n’a pas apporté la Justice à cette société. C’est pourquoi les gens vont plus vers les Taliban. Ce sont eux qui peuvent faire respecter l’ordre, régler les violentes histoires de guerres entre familles, entre clans, parce qu’ils représentent la Justice et sont puissants au niveau local.

Wahid Safi. Légiste et politologue pour l’Organisation Internationale du Droit au Développement.

Quand Barack Obama parle de Talibans modérés, il ne parle pas de « modération » dans la pratique de la religion. Il désigne les combattants potentiellement ouverts aux pourparlers, qui pourraient refuser la présence des djihadistes et d’Al-Qaïda en Afghanistan. Wahid Safi estime le nombre de combattants étrangers à plusieurs centaines mais parmi eux, le nombre de membres d’Al-Qaïda, voulant attaquer l’Occident sur son territoire, est inconnu.

Le sénateur Arsala Rahmani fait partie d’un groupe qui a entamé des discussions avec les Talibans, notamment avec le réseau particulièrement actif de la famille Haqqani et il explique pourquoi le processus est compliqué.

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Le gouvernement demande que les Taliban rendent leurs armes et arrêtent de combattre. Et les Taliban disent que les forces étrangères doivent partir, que tant qu’elles seront en Afghanistan, elle seront considérées comme des occupants et qu’ils ne seront pas prêts à discuter. Toutes ces conditions sont aberrantes, évidemment inacceptables. Donc nous essayons d’abord de mettre d’accord les deux parties sur des requêtes qui soient négociables.

Il ajoute que les Taliban et le Hezb-e-Islami n’ont pour le moment aucun intérêt à abandonner leurs appuis étrangers, alors que le gouvernement afghan a le soutien croissant des forces de l’Otan et de la coalition américaine… Par ailleurs, les insurgés n’ont aucun intérêt à négocier -en tout cas officiellement- une trêve nationale alors qu’ils sont en position de force.

Difficile de trouver un terrain d’entente. Face à une insurrection aussi fragmentée, l’une des solutions est peut-être de négocier au niveau local. Comme le font déjà dans le Sud du pays, certaines armées étrangères et surtout les Afghans. Quand les combats diminuent parfois, ça ne veut pas nécessairement dire que les Taliban sont partis, mais qu’ils ont passé un accord avec les forces gouvernementales locales: laissez-nous tranquilles, on vous laisse tranquille… Arrêtez d’attaquer les étrangers, ils arrêteront de venir…

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